 |
du mal à loger mais aussi à ravitailler
une population qui ne cesse de grossir. Pour tout le monde, les conditions
d'existence deviennent plus difficiles, plus précaires. Les
cartes de rationnement sont introduites à la fin septembre 1940.
La situation empire dans les mois qui suivent. Le 28 février
1942 des papillons sont découverts dans le centre de Toulouse
« Nous voulons manger
Plus de pain, plus de vin Augmentation de salaires Rien pour les Boches ».
L'armistice de juin 1940 a placé Toulouse et la Haute-Garonne
en Zone non-occupée. L'annonce de la défaite a créé un
climat étonnant de désarroi et de confusion des esprits.
Dans sa grande majorité, la population ne réagit pas.
Beaucoup ne voient dans la capitulation que la fin d'un cauchemar,
ils y trouvent l'espoir de reprendre la vie du temps de paix comme
si de rien n'était. D'autres, frappés de stupeur par
l'évolution des événements, se raccrochent à quelques
actes de foi sommaires « Nous ne pouvons plus résister,
puisque le vainqueur de Verdun l'affirme ». Les traditions de
défense des libertés, de démocratie, de républicanisme
sont oubliées. De tous les parlementaires de la Haute-Garonne,
seul Vincent Auriol refuse de voter les pleins pouvoirs au maréchal
Pétain en juillet 1940. Et la municipalité socialiste
toulousaine d'Ellen-Prévot n'hésite pas à adresser
le 9 août 1940 une motion d'allégeance au nouveau chef
de l’Etta.
En fait la grande majorité de la population locale a bien accepté le
nouveau régime de Vichy. Dès le 19 juin 1940 « La
Dépêche » remercie le « grand Maréchal
qui aurait pu rester drapé dans sa gloire ». Et par la
voix de Monseigneur Saliège, archevêque de Toulouse, 1'Eglise
considère que « le gouvernement légitime du pays
est à Vichy et non ailleurs. Il a à sa tête un
homme qui a fait don de sa personne à la France » (lettre
pastorale du 13 juillet 1941). C'est là un des points forts
de la propagande officielle. Les thèmes classiques de la Révolution
Nationale sont diffusés dans la population. Bien qu'ayant un
nombre réduit d'adhérents actifs, les organisations et
groupements pétainistes font preuve de dynamisme. Et la population
locale témoigne elle-même d'un certain élan lors
des deux visites du chef de 1'Etat à Toulouse (5 novembre 1940
et 14 juin 1942). Tout cela, pour ne pas voir ou pour oublier une réalité plus
sinistre : la suppression des grandes libertés, la dissolution
des partis et syndicats, l'information « dirigée » et
anesthésiée, l'ouverture de plusieurs camps d'internement
pour étrangers, juifs, communistes... et autres « mal
pensants » (Récébédou, près de Toulouse ;
Noé, près de Muret ; Saint-Sulpice-la-Pointe dans le
Tarn et Vernet en Ariège, mais aux limites de la Haute-Garonne). |
 |