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Première partie
LA GUERRE ET SES CONSÉQUENCES
À la veille de la Deuxième Guerre mondiale, le
département de la Haute-Garonne reste à prédominance
rurale et agricole. Quelques petites villes (Muret, Saint-Gaudens) à activités
tertiaires (commerce, administration) ont du mal à échapper à l'attraction
de Toulouse, seule agglomération ayant une base ouvrière
industrielle notable (bâtiment, confection, chimie, aéronautique...).
Une solide tradition d'accueil (immigrants italiens des années
1920-1930 ; réfugiés antifascistes italiens puis
espagnols de la fin des années 1930) ainsi qu'un esprit
républicain bien ancré caractérisent le
département. Depuis 1906 Toulouse à un maire socialiste.
Aux élections législatives de 1936, la Haute-Garonne
a 5 députés socialistes sur 6, elle devient, avec
plus de 40 % des suffrages exprimés, l'une des « forteresses » socialistes
françaises. Le député-maire de Muret, Vincent
Auriol, n'est-il pas le Ministre des Finances du gouvernement
Front Populaire de Léon Blum ? Quant au principal journal
local, « La Dépêche », ses tendances
radicales l'ont conduit à s'intituler le « Journal
de la Démocratie » (c'est son sous-titre).
Le déclenchement du deuxième conflit mondial n'a
pas de résonances particulières dans le département.
La mobilisation se fait sans passion, sans enthousiasme. Seul
le Parti Communiste manifeste contre « la guerre impérialiste », « la
guerre réactionnaire contre la classe ouvrière ».
Mais il est isolé, peu influent. Dissout par le gouvernement
Daladier dès le mois de septembre 1939, ses militants
sont arrêtés, pourchassés. Le Parti, devenu
clandestin, doit être réorganisé.
La guerre fait sentir ses premiers effets, indirectement, avec
les premiers disparus, le repli du personnel des usines travaillant
pour la Défense Nationale, les difficultés de la
vie quotidienne, le spectacle de la misère et du désarroi
que donnent les réfugiés qui affluent. L'offensive
allemande du printemps 1940 ouvre le temps de l'Exode. Toulouse
et la Haute-Garonne accueillent les déracinés de
Belgique, du nord et de l'est de la France, de la région
parisienne... Les autorités sont débordées.
Malgré les réquisitions, on a |
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