AVANT-PROPOS
Ce livre d'« histoire visuelle » se propose de retracer « en
images » l'histoire de la Haute-Garonne pendant la Deuxième
Guerre mondiale. L'objectif peut paraître ambitieux. Les documents
d'époque - écrits ou photographiques - sont encore difficiles à trouver
et de qualité souvent médiocre. Il était dangereux,
voire interdit, de photographier en plein air ou de l'intérieur
des maisons vers l'extérieur. Les actes de « Répression » ou
de « Résistance » n'étaient guère
visualisés. Les documents écrits - en particulier les
tracts et journaux clandestins - étaient de mauvaise qualité.
Ils ont de ce fait mal résisté à l'épreuve
du temps.
Nous avons retrouvé malgré tout suffisamment de documents
- dont certains, inédits, puisés jusque dans les albums
de photos de famille ! - pour pouvoir retracer les principaux aspects
de l'histoire du département entre 1939-1944. Mais le choix
initial de privilégier le document visuel nous a conduit à passer
rapidement sur certains points, à insister sur des événements
jugés révélateurs ou exemplaires et à mettre
en exergue les actes de certaines personnes plutôt que d'autres.
Tout arbitraire qu'il soit, notre choix a été guidé par
le souci de refléter avec le plus d'exactitude possible la vie
du département durant la période considérée.
D'où l'importance attribuée aux articles de presse- ‘ officielle » ou
clandestine - ainsi qu'aux témoignages - reproduits dans les
textes de présentation des chapitres - de témoins (Roland
Dorgelès) ou d'acteurs de premier plan (Jean Cassou).
L'histoire de la Haute-Garonne est inséparable de celle de
la Zone Sud, non occupée jusqu'en novembre 1942 mais qui subit
ensuite directement les effets de l'occupation allemande. Sa spécificité tient à la
présence d'une grande métropole, Toulouse, foyer d'accueil
pour de nombreux réfugiés, foyer de troubles et de souffrances
où naissent et se développent rapidement des noyaux de
résistance active. Son originalité tient à la
présence dans sa partie méridionale d'une bordure pré pyrénéenne
et pyrénéenne favorable à l'éclosion de
maquis et par où passent des chemins d'évasion vers l'Espagne.
Elle tient également aux conditions spécifiques du développement
de la Résistance et à celles qui ont favorisé la
Libération du département. Du fait d'une retraite allemande
précipitée après le débarquement allié en
Provence du 15 août 1944, la Haute-Garonne s'est « libérée
elle-même », sans intervention des troupes anglo-américaines.
La Résistance locale a occupé seule le pouvoir. Elle
a dû prendre un certain nombre de mesures de circonstance mais
aussi des initiatives très novatrices dans les domaines économique,
judiciaire, social, militaire etc.
Il est encore difficile de vouloir rappeler par la seule image les
souffrances endurées mais aussi les espoirs suscités
par les luttes de la clandestinité et de la Libération. « L'appel à la
Jeunesse » de Jean Cassou publié à la fin de l'ouvrage
a valeur de symbole. Mais notre mémoire visuelle est incomplète.
Nous espérons pouvoir l'enrichir et la compléter de nouveaux
documents sauvés ainsi de l'oubli. |